Après 25 jours en Bolivie, me voilà arrivée au Chili ! Je pensais rester un mois au moins en Bolivie puis aller en Argentine mais les rencontres ont fait que j’ai changé mes plans pour passer les fêtes au Chili avec Angeline !
Et donc, 25 jours où la Bolivie m’aura fait rêver et où j’aurais eu mal au cœur aussi.

Côté Politique, le président Evo Morales semble globalement assez populaire puisqu'il a été le premier président indigène du pays, même s’il a l’air de faire des bourdes de temps en temps (c’est partout pareil !). En tous cas, j’ai trouvé ici des sérieux concurrents aux grévistes français, les boliviens quand ils décident de faire grève, ils bloquent littéralement tout et il faut juste prendre son mal en patience. En même temps, ils ont raison de ne pas se laisser faire étant donné leurs conditions de vie qui sont bien plus rudes que dans les pays voisins. En arrivant à La Paz, j’ai assisté à des manifestations importantes car le pays connaissait sa plus grande sécheresse depuis 100 ans et les gens n’avait tout simplement plus d’eau chez eux. J’ai vu des gens manifester avec des seaux pour réclamer de l’eau, j’ai vu des gens aller chercher de l’eau dans les fontaines de la ville et j’ai vu d’immenses barrages complètement vides dans les montagnes. Tout ça à cause du réchauffement climatique qui fait fondre tous les glaciers et aussi surement à cause d’une mauvaise gestion de l’eau. Bref, ça m’a brisé le cœur.

Côté Sécurité, la Bolivie est largement aussi sûre que ses voisins, hormis le fait que les gens sont bien plus pauvres ici et qu’il faut donc redoubler de vigilances avec les objets de valeur. Je me suis fait volé 200 bolivianos (environ 30€) quand j’ai laissé mon sac à l’agence pendant mon ascension du Huayna Potosi, ce n’est pas cool mai ce n’est pas grave. Sinon aucun souci, je me suis sentie parfaitement en sécurité, j’ai toujours plus peur des chiens que des gens !

Côté Environnement, c’est relativement la cata. Des déchets partout le long des routes, visiblement très peu de système de traitement des eaux (que ce soit les eaux usées ou l’eau potable). On est loin des poubelles de recyclage de l’Equateur…

Côté Histoire, c’est très riche, notamment du fait des différents peuples indigènes qui peuple le pays (plusieurs langues officielles aussi : espagnol, quechua, aymara…). J'ai adoré la casa de la Libertad à Sucre où l'on peut voir l'original de la déclaration d'indépendance de la Bolivie. Et puis il y a eu toutes ces guerres...on sent que le fait d’avoir perdu leur accès à la mer lors de la guerre du pacifique contre le Chili reste un vrai sujet sensible ici et que beaucoup de boliviens espèrent toujours retrouver leur accès à la mer un jour.

Côté Boliviens, on m’avait dit qu’ils n’étaient globalement pas sympas. Je ne suis pas d’accord…c’est vrai qu’on a eu quelques mauvaises expériences à La Paz où on s’est fait envoyer chier quelque fois mais dans le reste de la Bolivie, les gens étaient adorables. Mention spéciale pour le village de Samaipata où j’ai trouvé les locaux les plus sympas de mon voyage surement, ils se jetaient presque par la fenêtre de leur voiture pour faire coucou ! En revanche, j’ai eu beaucoup de peine car pendant ce mois en Bolivie, j’ai vu énormément d’enfants très jeunes travailler… il y en a aussi au Pérou, mais vraiment beaucoup plus en Bolivie

Côté Espagnol, le niveau stagne, notamment à cause du fait que j’ai passé tout mon temps avec des français et des anglophones. La Bolivie est remplie de français d’ailleurs, c’est impressionnant !

Côté Nourriture, comme les gens, on m’avait dit que ce n’était pas bon et je ne suis pas vraiment d’accord. C’est un moins recherché qu’au Pérou mais globalement j’ai plutôt bien mangé et c’était assez varié : les truites du lac Titicaca, les saltenas (empanadas), le pique macho (viande en sauce), les albondigas… et comment oublier les super gâteaux à la banane du marché Lanza à La Paz et les salades de fruits pas du tout diététiques avec du yaourt et de la glace dessus.

Côté valise, un petit renouvellement de vêtement commençait à s’imposer après 3 mois de voyage : nouvelles chaussettes, nouveau pull en alpaga et un super legging hyper confort. Ça fait du bien d’avoir deux nouveaux vêtements quand on est habillé pareil depuis trois mois, on a l’impression d’avoir renouvelé toute sa garde-robe !

Les moments forts :
- Evidemment, la première chose qui me vient à l’esprit c’est mon ascension du Huayna Potosi. Un sommet à plus de 6000m, c’était un rêve que j’avais depuis longtemps, et je savais que la Bolivie était le meilleur pays pour ça car c’est là où c’est le « plus facile » étant donné que les villes frôlent déjà les 4000m, cela permet une bonne acclimatation ! Le Huayna Potosi est connu pour être « le 6000m le plus facile du monde », je trouve que le mot facile est peu approprié car cela reste vraiment dur, mais c’est sans doute l’un des rares que des personnes non expérimentées en alpinisme peuvent atteindre. Comme je n’avais jamais fait d’alpinisme, j’ai choisi la formule en 3 jours pour avoir un entrainement à l’utilisation des crampons et du piolet le premier jour et le second jour, nous voilà partis à l’assaut de la montagne avec mes trois amis Florence, Jérôme et Jon. La première partie n’est pas très dure, on monte du campement de base à 4700m au campement alto à 5130m, environ 2h/2h30 de marche, la seule difficulté c’est qu’on doit porter tout notre équipement d’alpinisme, soit environ 12/13kg. On dine à 17h, on va au lit et puis le réveil sonne à 23h (autant vous dire que je n’ai pas fermé l’œil) pour un petit déj à 23h30 et un départ pour l’ascension finale à minuit (les ascensions se font toujours de nuit car une fois le soleil levé, les risques d’avalanches ou d’effondrement de crevasses sont trop importants)! A 00h15, nous partons et après une vingtaine de minutes, on chausse les crampons, on prend les piolets et on se met en cordée avec mon guide et Jon, les premières heures passent très vite, je suis heureuse car le temps est dégagé (alors que c’est la saison des pluies), on aperçoit au loin les lumières de la ville de La Paz. A 5700m, première grosse difficulté pour moi, un mur de glace de 20m de haut (pas vertical mais bien pentu), je monte avec le piolet et une corde, ça m’aura fait dépenser 30% de mon énergie, je mets 10 minutes à m’en remettre ! On continue ensuite tranquillement, on fait de plus en plus de pauses pour reprendre notre respiration et puis à 5900m, deuxième difficulté, beaucoup de rochers à escalader, à partir de là, tout se jouera au mental car je n’avais vraiment plus beaucoup de force. Une fois le mur de cailloux passé, j’aperçois le sommet et un américain qui vient d’y arriver à l’instant, je me rends compte que ce n’est plus très loin mais je n’arrive plus à avancer alors je fais 20 pas puis je m’arrête reprendre ma respiration. Les encouragements de mon coéquipier ont été précieux (en même temps, si je n’arrivais pas au sommet, lui non plus car nous étions en cordée). En arrivant au sommet, je découvre une vue époustouflante sur la cordillera Real, le lac titicaca etc., je suis heureuse car une dizaine de minutes après nous, nous sommes rejoints par Florence et Jérôme, on restera environ 10-15 minutes au sommet, je me sens super bien, je l’ai fait !!! On commence la descente, heureux de notre succès, et appréciant le magnifique paysage que nous n’avions pas vu de nuit (des crevasses partout d’ailleurs, c’est un peu flippant) et puis ça va aller de plus en plus mal, je suis prise d’un gros mal de tête puis de nausées, Jérôme vomira d’ailleurs pas mal de fois pendant la descente, pour moi ce sera juste en arrivant au campement alto. Bref, j’avais l’air d’un zombie en descendant, une heure de repos au campement alto me redonneront suffisamment d’énergie pour remettre mon sac de 12 kg sur le dos et atteindre le campement de base vers 12h. Une fois retournée à La Paz, une bonne douche, une sieste d’environ 3h et un resto français avec tartiflette pour fêter ça : le bonheur !
- Le Salar et le Sud Lipez : ça faisait partie des choses que j’attendais le plus de mon voyage (comme la Patagonie ou les chutes d’Iguazu) et je n’ai vraiment pas été déçue, c’est magnifique ! La seule chose que je regrette c’est qu’on se fasse trimbaler en 4x4 et qu’on nous arrête par ci par là 30 minutes pour faire des photos… ce serait tellement magique d’être libre d’aller où l’on veut quand on veut (mais c’est assez compliqué à faire tout seul comme excursion). En tous cas, le salar d’Uyuni est impressionnant (plus grand désert de sel au monde) mais ce que j’ai préféré c’est de loin les lagunes avec les flamands roses dans le Sud Lipez, des couleurs surréalistes !

Les trucs qui m’ont fait rire :
- En prenant le bateau pour revenir de l’Isla del sol, les mecs qui devaient conduire le bateau se sont tranquillement installés à l’avant du bateau pendant tout le trajet pour jouer aux cartes, résultat il n’y avait absolument personne à la barre pendant 1h30, on a failli se crasher dans un rocher, c’était n’importe quoi mais ça m’a bien fait marrer !
- En se promenant dans le marché Lanza avec Jérôme et Florence, on a vu une petite mamie bolivienne fumer en cachette dans sa petite boutique et elle faisait genre « non, je suis innocente » mais on voyait la fumée sortir, elle était trop mignonne.
- On a rencontré une super famille de français qui voyage au long court avec 4 enfants et quand on a demandé aux enfants « qu’est-ce qui vous manque le plus de la France ? » on s’attendait à une réponse du style « papi et mamie » ou « les copains » mais non… verdict : « Les légos » !
- Le trafic est tellement chaotique en Bolivie que le gouvernement a instauré le principe des « Zèbres » pour apprendre aux gens à traverser sur les passages piétons. Du coup, dans les grandes villes, il y a des mecs déguisés en Zèbres au passage piéton pour éduquer les piétons et les automobilistes, tout ça avec beaucoup d’humour car ils dansent à longueur de journée, ils font des câlins aux gens etc…
- Notre trajet retour en collectivo depuis le cratère de Maragua où l'on a mis 3h pour faire 40km car on devait s'arrêter régulièrement pendant la montée pour que le chauffeur aille chercher de l'eau dans la rivière pour refroidir le moteur...sans oublier le coffre qui était cassé et qui menaçait de s'ouvrir (on serait donc tombées par terre car nous étions à l'arrière) et qu'ils ont gentiment réparé avec une branche d'arbre.

Les belles rencontres :
- J’ai d’abord rencontré Jon à Puno au Pérou et nous sommes partis ensemble vers la Bolivie où j’ai ensuite rencontré Jérôme et Florence à la frontière : on a passé toute la semaine à La Paz ensemble et on a gravi le Huayna Potosi tous les 4.
- En arrivant à Torotoro, j’ai eu la chance de tomber sur un groupe de gens super sympas : Martin, Florence, Camille et Sébastien. Que des bons souvenirs de ces 2 jours tous ensemble :) 
- Tous les gens super cools de l’hôtel El Jardin à Samaipata : Fufu, Léonie et son copain, les vénézuéliens, etc.
- Ma rencontre inoubliable de la Bolivie : Angeline ! Une jeune française de 21 ans qui voyage depuis 10 mois en Amérique du Sud, qui parle 4 langues…elle m’impressionne vraiment ! A partir de cet instant où nous avons commencé à parler dans le dortoir, nous ne nous sommes plus quittées J (on est toujours ensemble au Chili à l’heure où j’écris ces quelques lignes)
- Toutes les belles rencontres qu’on a faite à Sucre : Sebastian, Nicholas, Matis, Zulu et Fred
- Et comment oublier Tales le brésilien et la famille française qu’on a rencontré au cratère de Maragua, une super famille d’Arreau qui voyage un an en Amérique avec 4 gamins, hallucinant ! Voilà leur blog :  http://lessixauxameriques.fr/

Les chiffres clés :
- Nombre de douches froides : 4 (il semblerait que je m’en sois bien sortie)
- Nombre de nuit en bus : 3 et en tente : 1
- Nombre de jours de maladies : 3 (on m’avait prévenu « tu ne résisteras pas à la Bolivie », en effet !)
- Km parcourus : 258 km à pieds (soit 10,3 km/jour en moyenne) et 1992 km en bus (ce n’est pas beaucoup en distance mais alors c’est long et ça remue méchamment !)
- Nombres d’heures de bus : environ 57 heures (ce qui fait une moyenne de 34 km/h et vous laisse imaginer l’état des routes !)
- Plus haute altitude atteinte à pied : le Huayna Potosi à 6088m, et je pense que ça restera mon record !
- Nombre de photos prises : 507 (un peu plus raisonnable !)

En bref :
La Bolivie c’est avant tout des paysages époustouflants mais je retiendrai aussi l’accueil très chaleureux de certains boliviens et la pauvreté et les difficultés que traverse le pays qui m’auront touchée. 25 jours, c’était trop court, j’aurais aimé aller en Amazonie bolivienne, à Rurrenabaque ou dans le Pantanal, ou encore dans le parc national Sajama et puis mon regret c’est le parc national Amboro où je n’ai pas pu aller et aussi les combats de lutte des choletas (les mamas boliviennes) qui doivent être trop drôles. Je voulais aussi aller vers Tupiza et Tarija mais comme j’ai changé mes plans et que je suis partie vers le Chili, je n’y suis pas allée ! Du coup, j’aurais largement de quoi faire pour repasser en Bolivie un jour et continuer à découvrir ce beau pays :)