La Patagonie, j’en rêvais depuis un moment, je passais mon temps à regarder des vidéos de cette région avant de quitter mon boulot ! D’ailleurs, la totalité de mon voyage été organisé en conséquence puisqu’ici, on ne peut pas venir n’importe quand étant donné les conditions climatiques… j’ai donc démarré de l’Equateur en septembre avec l’idée d’arriver en Patagonie début janvier.

Mon premier contact avec la Patagonie s’est fait à Pucon qui fait partie de la région des lacs au Chili. Première impression très positive puisque les paysages sont époustouflants : volcans, lacs, rivières, forêts d’araucania (sorte d’arbre qui serait un mélange entre un sapin, un cactus et un palmier selon moi ^^). Je me suis ensuite échappé rapidement pour arriver à temps pour mon volontariat de deux semaines dans le parc national de Torres del Paine, beaucoup plus au sud, ce qui m’a valu un trajet de presque 29h de bus !

Volontariat à Torres del Paine

Ce parc national est sans doute le plus célèbre du Chili et connu mondialement notamment des amateurs de trekking. On comprend aisément pourquoi quand on arrive, les paysages sont incroyables, le parc est en effet composé de lacs de couleur turquoise, d’un massif de montagne aux formes diverses et variées incluant les célèbres tours qui ont donné le nom au parc, de glaciers, de cascades…

La seule chose que l’on peut regretter, c’est à quel point cet endroit est devenu touristique, c’est clairement un gros business sur la nature ! (30€ l’entrée, un système de réservation des campings qui d’ailleurs étaient tous complets en décembre jusqu’à début mars…)

Mon volontariat s’est déroulé au sein de l’ONG AMA qui œuvre pour la protection de l’environnement au sein de l’estancia Cerro Paine, la partie privée du Parc. Nous étions 5 volontaires à ce moment-là, on s’est tous très bien entendu ce qui a rendu ces 2 semaines inoubliables ! Nous étions très bien logés dans un dôme aménagé en dortoir au cœur d’un bosquet et nous avons été très bien nourris puisque nous avions accès au restaurant du personnel de l’hôtel pour 4 repas par jour : petit dej, déjeuner, gouter et diner. Nous avons été pris en charge par Viviane, la coordinatrice des volontaires, qui s’est occupée de nous comme ses propres enfants !

L’ONG effectue en ce moment plusieurs projets que je trouve très intéressants :
- Le comptage des bourdons : l’espèce de bourdons native de Patagonie est en fort déclin à cause de l’introduction du Bombus terrestre, une espèce originaire d’Europe. Depuis quelques années, l’ONG réalise des comptages des deux espèces pour voir l’évolution de la situation. Malheureusement, il y a quelques années, les comptages donnaient 50% de natifs et 50% d’européens, maintenant c’est plus 5%/95%. Avec toutes les données récoltées, l’ONG espère pouvoir recueillir des fonds pour lancer un projet de plus grande ampleur qui consisterai à reproduire les bourdons natifs pour les relâcher.
- La reforestation avec les espèces locales : le parc ayant été victime d’un grand nombre d’incendies, de nombreux projets de reforestation sont en cours. L’ONG a lancé il y a quelques années un projet de collecte de semence de lengas, espèce d’arbre d’origine locale qui grandit très lentement, et a construit une pépinière afin de faire pousser des lengas originaire du parc pour les replanter ensuite.

Nous avons donc participé à ces deux projets en allant ramasser des graines de lengas, en allant planter des lengas (qui n’étaient pas d’origine locale car le projet n’est pas encore abouti), en s’occupant de la pépinière tous les jours (arrosage des lengas, préparation des pots pour planter les graines etc.) et en réalisant deux comptage de bombus sur deux sentiers différents.

Les autres activités de l’association consistent à :
- Préparer des panneaux de signalisations en bois à destination des touristes qui fréquentent le parc. Il peut s’agir de panneaux directionnels ou de panneaux de sensibilisations.
- Entretenir le sentier interprétatif qui permet aux gens de découvrir la flore locale en environ 1h de marche.

Je me suis découvert une passion pour le travail du bois, il faut le dire ! J’ai adoré faire des panneaux : les poncer, dessiner, faire de la pyrogravure, les peindre, les cirer, les installer. Cela demande de la patience, de la précision et j’ai trouvé ça super relaxant. J’aurais pu passer tout mon temps dans l’atelier, cela ne m’aurait pas dérangé :)
 

Je suis heureuse d’avoir découvert le parc de cette manière et non pas seulement comme une touriste, non seulement parce que j’ai eu du temps et puis parce que j’ai rencontré pleins de gens qui travaillent la-bàs 6 mois par an et qui savent un paquet de choses !

A la fin de nos 11 jours de boulot, nous avions 4 jours de libre…comme l’entente entre nous était parfait, nous sommes partis faire la W tous les 6. La W, c’est le trekking le plus connu de Torres del Paine qui se fait en 4 jours normalement. Comme nous n’avions pas de réservation de camping, nous avons demandé et en tant que volontaires, on nous a laissé accéder au camping Frances gratuitement et ils nous ont également offert le repas et le petit dej ! Mais une seule nuit, on a donc fait la W en 2 jours et demi au lieu de 4 : 85 km environ ! Mais cela valait vraiment la peine, la vue sur la vallée Frances et sur le glacier Grey sont inoubliables !

Toutes les merveilles de la Patagonie

Après mon volontariat, j’ai foncé à Ushuaia, j’ai traversé le détroit de Magellan en bateau et puis j’ai fini par arriver au « bout du monde », Ushuaia c’est un nom qui fait rêver ! La ville ne fait pas du tout rêver car c’est très touristique mais il faut reconnaître que les environs sont magiques : la laguna Esmeralda, le canal Beagle, les montagnes qui encerclent la ville, le parc national de la Terre de feu, le lac fagnano et le lac escondido…pour ne citer que ça ! Une semaine de rêve à Ushuaia où j’ai logé chez Ezequiel en couchsurfing et où j’ai rencontré Romina, ma copine espagnole.

J’ai ensuite entamé tranquillement ma remontée vers le nord et je me suis donc arrêté à Punta Arenas pour enfin visiter un peu : la réserve nationale Magallanes qui offre un point de vue incroyable sur la ville et le détroit de Magellan puis l’ile Magdalena qui est réputée pour avoir une colonie de pingouins d’environ 150000 individus, c’était absolument génial ! J’ai poursuivi vers Puerto Natales, cette ville a du charme avec ses petites maisons de toutes les couleurs et j’ai fait une excursion pour m’approcher des glaciers Serrano et Balmaceda, premiers glaciers impressionnants. Je suis retournée à Torres del Paine en tant que touriste et j’ai pu prendre le temps de découvrir pas mal d’endroits que je n’avais pas vu pendant mon volontariat, en même temps le parc est immense !

Suite à quoi, j’ai fait un petit passage obligé par l’argentine pour aller voir le fameux glacier Perito Moreno, glacier le plus célèbre du monde, puis pour aller faire du trek dans les environs d’El Chalten. Ensuite, je voulais rejoindre la Carretera austral au Chili et il n’y a pas 36 solutions : j’ai traversé la frontière à pied ! J’ai ensuite remonté presque toute la carretera austral en stop ou en bus (jusqu’à Chaiten puis Futaleufu) avant de rejoindre à nouveau l’argentine au niveau d’Esquel puis de Bariloche. Bariloche fut donc ma dernière étape en Patagonie, cette fois ci dans la région des lacs côté argentin, toujours aussi magnifique !

Presque 3 mois en Patagonie, et comme d’habitude il y a des tonnes de choses que je n’ai pas pu faire, par manque de temps ou à cause de la météo, je pense notamment au Circuit à Torres del Paine (le trek de 8 jours), au trek du Huemul à El Chalten, au Cerro Castillo ou au glacier Exploradores sur la Carretera austral. Il faut toujours se laisser des prétextes pour pouvoir revenir un jour :)

Le climat
On m’avait prévenue que le climat été rude et c’est pourquoi je m’étais équipée en conséquence avant d’atteindre la Patagonie : nouvelle tente de compétition capable de résister à des vents et des pluies de grande ampleur, vêtements chauds etc. Effectivement, je confirme et après près de trois mois, je ne souhaitais qu’une chose, retourner dans un endroit où je n’ai pas froid en permanence et surtout où il n’y a pas de vent et de pluie !

Pendant ces deux mois et demi, j’aurais vu des vents qui vous empêchent littéralement de marcher, des pluies interminables et surtout des changements improbables. On peut partir le matin avec un soleil radieux, un ciel bleu à l’infini et 20°C et se prendre de la neige 30 minutes plus tard, comme cela m’est arrivée à Ushuaia ! Un panneau à Torres del Paine indiquait d’ailleurs « No preguntes por el clima, estamos en Patagonia », en gros inutile de chercher la météo, c’est la Patagonie et ce n’est pas prévisible !

Ma phrase préférée restera « heureusement que c’est l’été », car cela ne ressemble en rien à ce que je qualifie « d’été », et parce que dans certains endroits, je ne veux même pas imaginer l’isolement et la difficulté que cela représente de vivre en Patagonie en hiver. Mon passage sur la Carretera austral au Chili a fait partie de mes derniers moments en Patagonie et a été écourté à cause du climat et de la fatigue, et pourtant j’aurais aimé y rester plus longtemps, les paysages étant à couper le souffle. Il faut dire qu’on n’a pas eu beaucoup de répit (ma copine Romina et moi) : on s’est réveillées tous les matins avec la tente trempée, qui ne sèche jamais, qu’on démonte et remonte trempée tous les jours, avec toutes nos affaires humides et on était épuisées car il faisait tellement froid qu’on ne dormait pas bien, au début ça passe mais au bout de deux mois, beaucoup moins. Sans compter qu’un chien a attaqué ma tente (bilan : quelques trous à recoudre) et que le lendemain des chatons ont joué pendant une heure avec ma tente (bilan : un arceau cassé un jour plus tard). Ça peut paraître anodin, mais ma tente c’est ma maison alors quand tout tombe en ruine, ça affecte le moral ! Le jour suivant, on s’est pris une tempête monumentale en faisant du stop, ce qui nous a contraint à nous refugier sous des plantes pendant 1h, on était trempées et frigorifiées, on a essayé de se réchauffer comme on a pu à coup de soupe chaude avant d’aller dormir pour finalement passer une nuit atroce où une autre tempête s’est abattue sur nous, c’était celle de trop et je me suis réveillée avec énormément d’eau dans ma tente le matin et la totalité de mes affaires flottant (incluant ordinateur, appareil photo etc.), la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase », j’ai explosée en larmes ! C’est à ce moment-là que nous avons rejoint La Junta où nous avons trouvé une merveilleuse hospedaje avec poêle à bois où nous avons enfin pu faire sécher toutes nos affaires et dormir comme y faut ! Cela nous a permis de reprendre un peu de forces pour aller jusqu’à Chaiten et Futaleufu avant de rejoindre de nouveau l’argentine. Il faut savoir que sur la Carretera austral, les gens n’ont généralement pas le chauffage et qu’ils disposent tous d’un poêle à bois par maison. En hiver, à certains endroits, il peut faire jusqu’à – 30, ces gens sont des forces de la nature ! Aussi, il y a des villes comme Puerto Cisnes par exemple, où il pleut 320 jours par an, les locaux nous ont dit « on n’aime pas le soleil nous », ce à quoi ma copine andalouse Romina – qui n’est donc pas très habituée à la pluie - a répondu « heureusement qu’il y en a pour tous les goûts sur cette planète » ! En tous cas, c’est surement ce climat difficile qui rend les gens si chaleureux :) 

La nourriture en Patagonie

Il y a du bon et du moins bon : la viande est excellente, on trouve du bon poisson aussi mais c’est la tristesse absolue concernant les fruits et légumes ! J’ai donc eu le plaisir de manger de la très bonne viande, surtout côté argentin, et ça faisait longtemps alors je me suis régalé ! Premier vrai asado argentin (l’équivalent du barbecue) à Ushuaia grâce à Ezequiel et Mati, mon hôte et son pote ! Côté chilien, on a aussi essayé l’agneau de Patagonie, un vrai régal !

Côté produits de la mer, c’est surtout la Centolla ou « crabe de Patagonie » qui m’a marqué, c’est délicieux ! En revanche, j’ai ressentie une grande tristesse à Punta Arenas, car l’industrie de la pêche y était très présente et tous les bateaux sont aujourd’hui à quai à cause d’une algue toxique présente sur toute la côte : cela s’appelle les marées rouges et cela fait environ un an que cela a commencé, aucune solution à ce jour à par ne plus pêcher dans cette zone.

Pendant mon volontariat, j’ai découvert qu’en se baladant en Patagonie, on pouvait manger un peu partout dans la nature des calafates, une sorte de petites baies violettes. La légende dit que « celui qui a mangé des calafates reviendra en Patagonie » ! Oui j'en ai mangé pleins !

Mais bon, il faut reconnaître que j’ai surtout mangé des sandwichs le midi, on a tenté des variantes thon ou fromage, parfois on avait le plaisir de trouver des avocats mais rarement… et le soir des soupes qui nous ont bien aidé à supporter le froid !
Le petit plaisir sur la carretera austral, c’était de sonner chez les gens pour acheter du pain fait maison, souvent délicieux, ou encore des empanadas et des sopaipillas.

Les moments forts 

Ma rencontre avec le puma : mon dernier jour de volontariat à Torres del Paine, je revenais tranquillement à ma chambre, quand j’ai entendu un bruit dans le bosquet, je regarde et là je vois un puma à seulement quelques mètres de moi ! Je l’ai recroisé 3 fois plus tard dans la journée à proximité de mon habitation. C’était à la fois absolument magique, c’est tellement beau, et à la fois un peu flippant !
Le Cerro guanaco à Ushuaia : avec ma copine Romina, on est allée faire l’ascension du Cerro Guanaco dans le parc national de la Terre de feu. Une randonnée d’environ 3 heures, très pentue, pour arriver à un mirador à 360 degrés sur les montagnes, la ville d’Ushuaia et le canal Beagle, une vue à couper le souffle… on est restée 1h 30 à admirer le paysage !
- Le glacier Grey à Torres del Paine : j’ai pris un bateau pour m’approcher du fameux glacier Grey, que j’avais déjà aperçu au loin en randonnée. Par chance, la météo était de la partie ce jour-là, avec un ciel bleu incroyable, ce qui a rendu le glacier encore plus beau… des tons de bleus inoubliables. -         Le Perito Moreno à El Calafate : autre glacier extrêmement impressionnant ! Le système de passerelles permet de s’approcher très près et de mesurer l’immensité du glacier : un front de 5km, une hauteur de 60/70 mètres et surtout des craquèlements qui produisent des bruits dignes d’un orage ! Le must c’est quand une partie du glacier s’effondre, s’en suit une vague impressionnante et un bruit incroyable !
- Le Fitz Roy à El Chalten : je n’oublierais jamais la sensation que j’ai pu ressentir en arrivant à la laguna de los Tres en face du Fitz Roy. Nous y sommes allées deux fois avec Romina tellement c’était beau et on s’est à chaque fois assise sur une petite montagne entre la laguna de los tres et la laguna Sucia qui permet de mesurer l’ampleur de cette montagne. Comme dirait Romina, c’est « le sitio en el mundo ». Un endroit époustouflant, tout ça à seulement 3h30 de marche du petit village d’El Chalten ! Une autre mention spéciale pour le mirador Lomo del Pliegue qui permet de faire d’une pierre deux coups et d’avoir une vue globale sur le Fitz Roy, le Cerro Torre et la Laguna Torre. El Chalten recèle de merveilles dont il faut profiter particulièrement actuellement où tout est encore préservé du tourisme de masse (et cela change déjà).
La traversée de la frontière à pied entre El Chalten et Villa O Higgins : je ne sais pas pourquoi cette aventure me faisait rêver ! Me voilà partie dans l’un des endroits les plus reculés de la Patagonie, avec toutes mes affaires pour l’un des passages de frontière les plus originaux de mon voyage ! J’ai d’abord fait du stop jusqu’au Lago del desierto où j’ai pris un bateau pour rejoindre la partie Nord du lac (j’aurais pu faire cette partie à pieds mais avec ce qui m’attendait ensuite, je n’ai pas osé :)), je suis passée à l’immigration argentine pour faire tamponner mon passeport et puis j’ai démarré un trek de 22km avec toutes mes affaires dans la forêt entre l’argentine et le chili ! Au bout de 6km, je suis enfin arrivée à la frontière réelle où il y avait les panneaux de sortie d’Argentine et d’entrée au Chili. Ce qui était marrant c’est que côté argentin, c’était un petit chemin tout pourri avec des ponts en bois et côté chilien, c’était carrément une route avec des vrais ponts, rien à voir ! Après 15km, j’ai commencé à avoir vraiment mal au dos mais heureusement la vue est devenue spectaculaire et j’ai donc continué à marcher tranquillement vers Candelario Mansilla, le poste frontière chilien le plus paumé sans doute, au bord du lac O Higgings couleur turquoise. Je suis enfin arrivée à l’immigration chilienne après 6h de marche puis au camping au bord du lac. Un vrai endroit paradisiaque et reculé ! Le lendemain matin, j’ai pris un autre bateau pour traverser le lac O Higgings et je suis arrivée dans le petit village de Villa O Higgings. Un périple incroyable !
La Carretera austral au Chili, le clou du spectacle ! 1240km de route à travers les endroits les plus reculés du Chili, on s’est baladé de villages en villages, en faisant des petites excursions et balades par ci par là. Chaque km de cette route est absolument magique, il y a des montagnes, des glaciers, des fjords, des lacs, des rivières, des forets interminables… un joyau de la nature encore bien préservé du tourisme de masse étant donné les difficultés d’accès ! Nous avons majoritairement fait du stop car il n’y a pas toujours de bus ou inversement nous avons pris le bus quand il n’y avait personne sur la route. La vie dans les différentes villes ou villages est tranquille mais doit être difficile car tout est loin et difficile d’accès, en hiver les températures peuvent descendre jusqu’à -30, la route peut être bloquée plusieurs jours à cause des intempéries. Dans notre cas, la météo a rendu les choses difficiles mais cela ne m’a pas empêché de profiter des merveilles naturelles alentours.

En bref : On ne peut pas résumer la Patagonie, chaque endroit dégage une magie incroyable, c’était merveilleux !